[Review] Gerald’s Game

Petit avis un peu spécial car il sera aujourd’hui question d’une production qui sera uniquement diffusée sur vos propres écrans, qu’ils soient de TV, tablette, smartphone ou d’ordinateur, et non pour nos chères salles obscures car la législation française voulue par le CNC concernant la chronologie des médias en a décidé ainsi, pour le plus grand malheur des exploitants et des spectateurs… Mais c’est un autre sujet.

C’est donc de la nouvelle réalisation de Mike Flanagan qu’il va être question aujourd’hui, distribuée par Netflix :  « Gerald’s Game » (Ou « Jessie » en France), tiré encore une fois d’un des romans publiés en 1992 du très en vogue Stephen King.

Jessie (la brillante Carla Gugino) et son mari Gerald (Bruce Greenwood) s’octroient un séjour dans leur maison de vacances, perdue dans la campagne profonde américaine, dans le but d’y passer une semaine sous le signe du rapprochement à l’aide de jeux particulièrement osés… Et forcément, cela ne va pas se passer comme prévu, ni pour l’un comme pour l’autre.

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Tout cela nous amène à un huis-clos étouffant et tendu, dont les premières minutes du jeu que Jessie subira sont presque plus dures que les prémices de la deuxième partie du film. Car oui, il faut avoir conscience que « Jessie » met en place une intrigue autour de la violence dans le couple, mettant en scène le non consentement ainsi que la manipulation et la soumission. La montée en puissance du film nous fera comprendre que « Jessie » est le film d’une femme écrasée par les figures paternelles et masculines dont elle a subi les volontés et atrocités toute sa vie.

Mike Flanagan ne perd pas de temps pour planter le décor, sans doute trop rapidement, préférant créer l’empathie avec Jessie durant la prise de conscience de sa condition et ses introspections sous forme de flashbacks. On bascule précipitamment dans sa psyché, sans doute trop artificiellement, pour s’attarder plus longuement sur son histoire, les spectres de son passé ainsi que les visites nocturnes et cauchemardesques de ce qu’on pourrait prendre pour une manifestation de ses terreurs. La caméra posée du réalisateur renforce l’immobilité de sa protagoniste, s’envolant dans des plans plus reculés et globaux quand elle visite ses angoisses. Celles-ci seront toutes en symboles, dominées par le rouge oppressant ou la noirceur engloutissante n’ayant pas peur de tout montrer quand le sang doit couler.

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Finalement, il ne sera pas question de monologues qui auraient pu couper toute immersion mais bien d’échanges avec la conscience et le subconscient de Jessie, prenant la forme sombre de son mari ou celle plus lumineuse d’elle même, battante et prête à tout pour s’en sortir et éloigner les doutes de Jessie. L’affrontement entre la rationalité de sa condition et les peurs qui l’empêchent de garder la tête froide pour faire face et réagir face à son funeste destin. Cette carthasis transformera la petite fille traumatisée, devenue une femme effrayée en une femme qui réussira à surmonter les démons de son passé pour reprendre sa vie en main, choisissant de ne plus vivre sous l’oppression qui a été un aspect toujours présent de sa vie depuis qu’elle était enfant.

Mike Flanagan n’en est pas à son premier coup, le réalisateur américain nous ayant déjà offert sur la même plateforme les très bons « Hush » (2016) et « Before I Wake » (2016),  y aapportant des éléments neufs aux films de slashers et d’épouvantes. Son travail a aussi été reconnu à de multiples reprises lors de divers festivals de films fantastiques, essentiellement américains. Ce qu’on peut dire, c’est qu’il a trouvé un allié de poids en œuvrant avec Netflix, ce qui lui octroie ainsi une liberté de thème et de mise en scène rafraîchissante, sans pour autant être une véritable révolution. Mike Flanagan apporte sa petite marque reconnaissable dans le genre, « Gerald’s Game » ne faisant pas exception. Il arrivera à relever le défi d’adapter le roman de Stephen King qui avait comme réputation, jusqu’alors, d’être inadaptable.

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4116756Que cette affiche est terriblement moche et ses personnages inexpressifs… Deux splendides pantins.

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